LE LABOUREUR ET SES ENFANTS

Travaillez, prenez la peine;

C'est le fons qui manque le moins.

Un riche laboureur, sentant sa morte prochaine,

Fit venir ses enfants, leur parla sans témoins.

"Gardez-vous, leur dit-il, de vendre l'héritage,

Que nous ont laissé nos parents.

Un trésor est caché dedans.

Je ne sais pas l'endroit; mais un peu de courage

Vous le fera trouver, vous en viendrez à bout.

Remuez votre champ dès qu'on aura fait l'août.

Creusez, fouillez, bêchez, ne laissez nulle place

Où la main ne passe et repasse."

Le père mort, les fils von retourner le champ,

Deçà, delà, partout; si bien qu'au bout de l'an

Il en rapporta d'avantage.

D'argent, point de cachá. Mais le père fut sage

De leur montrer, avant sa mort,

Que le travail est un trésor.

 

La Fontaine

(in Pierre Rippert,

Dictionnaire Anthologique de la Poésie Française)

publicado por RAA às 18:16 | comentar | favorito