01
Jun 15

O DO NOT LOVE TOO LONG

Sweetheart, do not love too long:

I loved long and long,

And grew to be out of fashion

Like an old song.

 

All through the years of our youth

Neither could have known

Their own thought from the other's,

We were so much at one.

 

But O, in a minute she shanged --

O do not love too long,

Or you will grow out of fashion

Like an old song.

 

W. B. Yeats, Poemas

(ed. bilingue, selecção de

José Agostinho Baptista)

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01
Jul 14

LE LABOUREUR ET SES ENFANTS

Travaillez, prenez la peine;

C'est le fons qui manque le moins.

Un riche laboureur, sentant sa morte prochaine,

Fit venir ses enfants, leur parla sans témoins.

"Gardez-vous, leur dit-il, de vendre l'héritage,

Que nous ont laissé nos parents.

Un trésor est caché dedans.

Je ne sais pas l'endroit; mais un peu de courage

Vous le fera trouver, vous en viendrez à bout.

Remuez votre champ dès qu'on aura fait l'août.

Creusez, fouillez, bêchez, ne laissez nulle place

Où la main ne passe et repasse."

Le père mort, les fils von retourner le champ,

Deçà, delà, partout; si bien qu'au bout de l'an

Il en rapporta d'avantage.

D'argent, point de cachá. Mais le père fut sage

De leur montrer, avant sa mort,

Que le travail est un trésor.

 

La Fontaine

(in Pierre Rippert,

Dictionnaire Anthologique de la Poésie Française)

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06
Jun 14

THE LOVER TELLS OF THE ROSE IN HIS HEART / O AMANTE DIZ DA ROSA NO SEU CORAÇÃO

All things uncomely and broken, all things worn out and old,

The cry of a child by the roadway, the creak of a lumbering cart,

The heavy steps of the ploughman, splashy the wintry mould,

Are wronging your image that blossoms a rose in the deeps of my heart.

 

The wrong of unshapely things is a wrong too great to be told;

I hunger to build them a new and sit on a green knoll apart,

With the earth and the sky and the water, re-made, like a casket of gold

For my dreams of your image that blossoms a rose in the deeps of my heart.

 

 

Tudo quanto é feio, destruído, todas as coisas gastas, velhas,

O grito de uma criança à beira do caminho, o rangido de uma carroça que se arrasta,

O pesado andar do lavrador, passo a passo sobre o limo invernal,

Maculam a tua imagem que engendra uma rosa no fundo do meu coração. 

 

Tão grande é a mácula das coisas torpes que não pode ser descrita;

A minha ânsia é tudo reconstruir e sentar-me num verde outeiro solitário,

Com a terra, o céu, a água renovados, como um cofre de ouro

Para os meus sonhos da tua imagem que floresce numa rosa tão profundamente no meu coração.

 

W. B. Yeats, Poemas

(versão de José Agostinho Baptista)

 

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12
Mai 14

LA VÉNUS CALLYPIGE

Du temps des Grecs, deux sœurs disaient avoir
Aussi beau cul que filles de leur sorte ;
La question ne fut que de savoir
Quelle des deux dessus l'autre l'emporte :
Pour en juger, un expert étant pris,
À la moins jeune il accorde le prix,
Puis, l'épousant, lui fait don de son âme ;
À son exemple, un sien frère est épris
De la cadette, et la prend pour sa femme ;
Tant fut entre eux à la fin procédé,
Que par les sœurs un Temple fut fondé,
Dessous le nom de Vénus belle fesse.
Je ne sais pas à quelle intention ;
Mais c'eût été le temple de la Grèce
Pour qui j'eusse eu plus de dévotion. 

 

Jean de La Fontaine,

in Pierre Ripert,

Dictionaire Anthologique de la

Poésie Française

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14
Fev 14

"Baise m'encor, rebaise-moi et baise"

Baise m'encor, rebaise moi et baise:

Donne m'en un de tes plus savoureux,

Donne m'en un de tes plus amoureux;

Je t'en rendrai quatre plus chauds que braise.

 

Las, te plains-tu? ça, que ce mal j'apaise

En t'en donnant dix autres doucereux,

Ainsi mêlant nos baisers tant heureux,

Jouissons-nous l'un de l'autre à notre aise.

 

Lors, double vie à chacun en suivra,

Chacun en soi et son ami vivra

Permets m'Amour penser quelque folie;

 

Toujours suis mal, vivant discrètement,

Et ne puis donner contentement,

Si hors de moi ne fais qualque saillie.

 

Louise Labé,

in Pierre Rippert,

Dictionaire Anthologique da la Poésie Française (1998)

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29
Nov 13

JE VIS JE MEURS...

Je vis je meurs; je me brûle et me noie.

J'ai chaud extrême en endurant froidure;

La vie m'est trop molle et trop dure,

J'ai grands ennuis entremêlés de joie;

 

Tout à coup je ris et je larmoie,

Et en plaisir maint grief tourment j'endure;

Mon bien s'en va, et à jamais il dure;

Tout en un coup je sèche et je verdoie.

 

Ainsi Amour incostamment me mène;

Et, quand je pense avoir plus de douleur,

Sans y penser je me trouve hors de peine.

 

Puis, quand je crois ma joie être certaine,

Et être en haut de mon désiré heur,

Il me remet en mon premier malheur.

 

Louise Labé

in Pierre Ripert,

Dictionnaire Anthologique de la Poésie Française

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14
Out 13

WHEN YOU ARE OLD

When you are old and grey and full of sleep,

And nodding by the fire, take down this book,

And slowly read, and dream of the soft look

Your eyes had once, and of their shadows deep;

 

How many loved your moments of glad grace,

And loved your beauty with love false or true,

But one man loved your pilgrim soul in you,

And loved the sorrows of your changing face;

 

And bending down beside the glowing bars,

Murmur a little sadly, how Love fled

And paced upon the mountains overhead

And hid his face amid a crowd of stars.

 

W. B. Yeats,

The Secret Rose (1897) /

Poemas (ed. bilingue)

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19
Jul 13

THE LAKE ISLE OF INNISFREE

I will arise and go now, and go to Inisfree,

And a small cabin build there, of clay and wattles made:

Nine bean-rows will I have there, a hive for the honey-bee,

And live alone in the bee-loud glade.

 

And I shall have some peace there, for peace comes dropping slow,

Dropping from the veils of the morning to where the cricket sings;

There midnight's all a glimmer, and noon a purple glow

And evening full of the linnet's wings.

 

I wil arise and go now, for always night and day

I hear lake water lapping with low sounds by the shore;

While I stand on the roadway, or on the pavements grey,

I hear it in the deep heart's core.

 

W. B. Yeats, Poemas

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21
Mai 13

ELLE AVAIT PRIS CE PLI...

Elle avait pris ce pli dan son âge enfantin

De venir dans ma chambre un peu chaque matin.

Je l'attendais ainsi qu'un rayon qu'on espère,

Elle entrait, et disait: Bonjour, mon petit père.

Prenait ma plume, ouvrait mes livres, et s'asseyait

Sur mon lit, dérangeait mes papiers, et riait,

Puis soudain s'en allait, comme un oiseau qui passe.

Alors je reprenais, la tête un peu moins lasse,

Mon oeuvre interrompue, et tout en écrivant,

Parmi mes manuscrits, je rencontrais souvent

Quelque arabesque folle et qu'elle avait tracée,

Et mainte feuille blanche entre ses mains froisée,

Où, je ne sais comment, venaient mes plus doux vers.

Elle aimait Dieu, les fleurs, les astres, les prés verts,

Et c'était un esprit avant d'être une femme.

Son esprit reflétait la clarté de son âme,

Elle me consultait sur tout à tous moments.

Oh! que de soirs d'hiver radieux et charmants,

Passés à raisonner langue, histoire et grammaire,

Mes quatre enfants groupés sur mes genoux, leur mère

Tout près, quelques amis causant au coin du feu!

J'appelais cette vie être content de peu!

Et dire qu'elle est morte! Hélas! que Dieu m'assiste!

Je n'étais jamais gai quand je la sentais triste;

J'étais morne au milieu du bal le plus joyeux

Si j'avais, en partant, vu quelque ombre en ses yeux.

 

Victor Hugo

in Pierre Ripert, Dictionnaire Anthologique de la Poésie Française

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26
Mar 13

POUR RIRE EN SOCIETÉ

Le dompteur a mis sa tête

dans la gueule du lion

moi

j'ai mis seulement deux doigts

dans le gosier du Beau Monde

Et il n'a pas eu le temps

de me mordre

Tout simplement

il a vomit en hurlant

un peu de cette bile d'or

à laquelle il tient tant

Pour réussir ce tour

utile et amusant

Se laver les doigts

Soigneusement

dans une pinte de bon sang

 

Chacun son cirque

 

Jacques Prévert


PARA RIR EM SOCIEDADE


O domador meteu a cabeça

na boca do leão

eu cá

meti só dois dedos

na goela da Alta Roda

e ela não teve tempo

de morder

Muito simplesmente 

vomitou aos urros

um pouco daquele fel dourado

em que faz tanto gosto

Para fazer esta habilidade

útil e divertida

lavem-se os dedos

cuidadosamente

em três quartilhos de bom sangue


A cada um seu circo


(trad. Pedro tamen)

O Escritor #11/12

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